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LA VILLE D’OTTAWA ÉLECTRISÉE PAR LA PRÉSENCE DE LA CHARGE EN FINALE

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par Rowan McCarthy

On peut trouver surprenant de voir à quel point la Ville d’Ottawa et son équipe de la LPHF, la Charge, sont devenues liées en seulement deux petites années. Après tout, c’est bien ici que feu le chroniqueur de Maclean’s Allan Fotheringham avait surnommé « la ville que le plaisir a oubliée ».

Mais ces jours appartiennent bel et bien au passé, au sens propre comme au figuré. Le premier match de la Finale de la Coupe Walter prouve sans équivoque qu’Ottawa aime la Charge et la LPHF.

Ottawa est une ville passionnée de sport. En ce qui a trait au hockey, la ville soutient les Sénateurs de la LNH et les 67’s dans la Ligue de hockey junior majeur de l’Ontario. Elle constitue aussi le centre d’une ligue junior A (CCHL) et d’une ligue junior B (EOJHL). En dehors du hockey, la capitale canadienne encourage le Rouge et Noir d’Ottawa de la LCF et une panoplie d’équipes de ligues mineures en baseball, basketball et soccer.

Avec autant d’équipes sportives qui cherchent à attirer l’attention, on aurait pu croire qu’une autre organisation sportive trouverait difficilement sa place à Ottawa. Et pourtant, la Charge a conquis la ville à toute vitesse, attirant de grandes foules et séduisant de nouveaux partisans et de nouvelles partisanes à un rythme impressionnant.

Dans la LPHF, Ottawa est une destination de choix. La Charge est la première équipe canadienne à disputer la Finale de la Coupe Walter, et la ville accueillera le Repêchage 2025 de la LPHF le mois prochain.

« Quand on organise des événements spéciaux, que ce soit un match des étoiles ou un repêchage, on veut les tenir dans une ville où les partisan·es l’ont vraiment mérité… Je crois qu’Ottawa l’a mérité. Les partisan·es arrivent avec leurs mirlitons et donnent tout leur cœur; plusieurs rangées de gens sur Electric Avenue pour accueillir les joueuses, et l’ambiance dans l’aréna donne des frissons. On est enthousiastes à l’idée d’amener le repêchage ici, et on est ravi·es d’être ici pour la finale… Évidemment, l’équipe sur la glace a mérité sa place, mais les partisan·es y ont aussi contribué », a déclaré Amy Scheer, vice-présidente directrice des opérations commerciales de la LPHF, en conférence de presse avant le premier match de la Finale.

La Charge joue ses matchs à domicile à la Place TD, attirant régulièrement des foules presque pleines en provenance d’Ottawa et des environs. Certain·es partisan·es font même le trajet depuis la ville frontalière de Brockville, au sud, pour assister aux rencontres.

Stephanie Thuemen est abonnée de saison depuis deux ans. Elle a grandi en jouant au hockey et a été gardienne de but pour l’Université Carleton.

« Le match d’ouverture de la saison était incroyable, et on se demandait si ce n’était qu’un feu de paille ou si le reste de la saison allait être à la hauteur », se souvient-elle. Deux saisons plus tard, « peu importe s’il fait froid et que c’est une soirée d’hiver glaciale en février, il y a toujours foule… Les gens sont toujours là. »

Dernièrement, le maire Mark Sutcliffe et la Ville d’Ottawa ont officiellement joint le mouvement, en posant plusieurs gestes significatifs envers l’organisation. Lors de la qualification en séries éliminatoires, le maire a fait installer des panneaux bourgogne le long de certains segments de la rue Bank, la rebaptisant temporairement « avenue Charge ».

X @clahanna / Via X.com

Et quand l’équipe s’est qualifiée pour la finale, la Ville est allée plus loin en tenant une courte cérémonie avec la Charge pour hisser son drapeau devant l’hôtel de ville.

« C’est tellement excitant pour notre ville, et nous ressentions une grande fierté envers la Charge d’Ottawa, a déclaré le maire Sutcliffe avant la cérémonie. La ville a adopté l’équipe, et l’équipe a adopté la ville avec une énergie incroyable. »

Il a ensuite ajouté en français que, même si la Ville ne peut pas aider les joueuses sur la glace, elle peut tout de même appuyer l’équipe tout au long de la Finale de la Coupe Walter.

La défenseure Jincy Roese et la gardienne Emerance Maschmeyer, actuellement à l’écart en raison de blessures, ont participé à la cérémonie et ont aidé le maire à hisser le drapeau. Roese affirme que l’appui de la Ville et des partisan·es la surprend encore parfois. « On est dans la deuxième année, mais on a encore de la difficulté à réaliser, parce que ça ne faisait pas partie de notre réalité, dit-elle. Le fait qu’on fasse maintenant partie d’une équipe professionnelle que les gens appuient avec autant d’enthousiasme, c’est génial. Plusieurs d’entre nous ne pensaient jamais vivre ça, mais maintenant, on y est, et on joue au hockey de séries. »

Roese est originaire de Saint-Louis, aux États-Unis, mais elle dit que la gentillesse et l’accueil des Ottavien·nes la font se sentir chez elle.

Et si les joueuses profitent des encouragements de leurs partisan·es, les commerces locaux tirent aussi leur épingle du jeu grâce aux foules attirées par les matchs à la Place TD.

Jordan Kruz, directeur général du CRAFT Beer Market, témoigne que son établissement est bondé avant et après les matchs de la Charge. « Depuis le tout premier jour, c’est plein, affirme-t-il. Notre permis nous permet d’accueillir 474 personnes à l’intérieur, sans compter les terrasses, et on atteint toujours le maximum. »

Le bar compte ses habitué·es qui y prennent un verre avant les matchs. Les partisan·es commencent habituellement à arriver deux heures avant la mise au jeu. Devant un tel achalandage, CRAFT n’accepte pas de réservations les soirs de match, et mobilise tout son personnel, soit presque quatre fois plus d’employé·es que d’habitude.

Vêtu·es de chandails rouges et noirs, les partisan·es affluent vers la Place TD à l’heure du match, armé·es de pancartes, de serviettes… et de mirlitons. Oui, vous avez bien lu… des mirlitons.

Tout a commencé comme une idée amusante parmi un groupe de partisan·es. Un soir, le groupe est arrivé avec des mirlitons et les a distribués pour encourager les encouragements retentissants. Vous connaissez sûrement le cri… « Duh-nuh-nuh-NUH-nuh-NUH… CHARGE! »

« Autant que je sache, ça a commencé dans notre section, dit Melanie Sutton, abonnée de saison depuis la première année. C’est difficile de ne pas rire quand on compte plus de 50 mirlitons à l’unisson, mais tout le monde peut participer, et c’est si plaisant. »

Sutton assiste aux matchs avec sa sœur. Même si elles n’ont jamais joué au hockey, elles ont grandi à regarder leur petit frère jouer. « Voir des femmes jouer sur une grande scène et à un niveau professionnel, c’était super. On voulait faire partie de cette communauté », ajoute-t-elle.

Ce qui est évident, c’est que la Charge et la communauté ottavienne ont développé une relation symbiotique qui enrichit les deux côtés. La qualification en Finale n’a fait qu’amplifier l’enthousiasme entourant l’équipe.

Aucun mot, aussi élogieux soit-il, ne peut rendre justice à l’ambiance qui régnait à la Place TD avant le premier match de la Finale de la Coupe Walter. Accompagné·es d’une fanfare mobile avec tambours et trompette, les partisan·es ont rempli les estrades juste pour voir l’échauffement. « C’est fou, s’est exclamée Thuemen. On ne s’attendait pas à être ici, mais on voulait y être, alors c’est comme un gros bonus. On sent que les filles ont du plaisir, et la foule est derrière elles. »

Du début jusqu’à la fin palpitante du match, les partisan·es vibraient au rythme de l’action, réagissant bruyamment à chaque instant. Les mirlitons résonnaient, et on entendait des We Want Walter! (« On veut la Coupe Walter! ») et Let’s go Charge! (« Allez la Charge! ») tout au long de la rencontre.

Ottawa a remporté le match en prolongation grâce à un tir fulgurant et non assisté d’Emily Clark, qui a fait bondir la foule de joie.

Après une courte célébration, l’équipe s’est regroupée au centre de la glace pour son rituel d’après-victoire. Ensemble, joueuses et partisan·es ont exécuté une série d’applaudissements rythmés qui se sont intensifiés pendant plus d’une minute, avant de se transformer en cris et en acclamations. Ce moment symbolisait parfaitement la connexion entre l’équipe et la ville.

« Voir à quel point les partisan·es sont derrière nous, c’est vraiment spécial, et on ne tient rien pour acquis lorsqu’on a la chance de jouer devant ce public, a affirmé l’attaquante Rebecca Leslie après le match. Je ne pense pas avoir déjà vu autant de monde dans cet aréna… et on utilise vraiment cette énergie pour alimenter notre jeu. »

La Charge disputera le deuxième match de la Finale jeudi, et on peut déjà parier que, tout comme le premier, ce sera un moment inoubliable.