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Le parcours mondial de Hannah Miller la mène aux séries éliminatoires de la LPHF

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par Ben Osborne

Toute ligue professionnelle encore jeune, mais déjà peuplée des meilleures joueuses au monde, mettra forcément en lumière des parcours aussi variés qu’inspirants. Mais rares sont celles qui ont voyagé aussi loin – ou évolué autant – que Hannah Miller, attaquante des Sceptres de Toronto, qui jouera un rôle crucial dans toute tentative de conquête de la Coupe Walter par son équipe.

Adorée de ses coéquipières, admirée par ses entraîneur·euses et vénérée par les partisan·es, Miller a vu son parcours la mener de North Vancouver à Beijing, de Moscou à Stockholm, avant de revenir finalement au Canada. Au fil de ses aventures, elle s’est imposée comme une force tranquille mais incontournable dans la Ligue la plus relevée du hockey féminin.

Comment savons-nous ce que ses coéquipières pensent d’elle? Revivez ce moment tout simplement épique survenu plus tôt cette saison, lorsqu’elles se sont toutes déguisées en elle, un moment raconté dans un récent épisode du balado Jocks in Jills :

Le parcours de Miller vers son rôle vedette chez les Sceptres a commencé à North Vancouver, où elle a grandi en enfant unique auprès de parents extrêmement encourageants face à son intérêt pour le hockey. Après une enfance remplie de jeux et de plein air dans le quartier surnommé « North Van » – qui comprenait notamment plusieurs matchs des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver – Miller a poursuivi sa progression à l’Okanagan Hockey Academy, à Penticton, en Colombie-Britannique, où elle a joué pour l’équipe préparatoire des moins de 18 ans.

Sa carrière au niveau U18 comprend également deux participations au Championnat mondial des moins de 18 ans avec Équipe Canada, où elle a remporté deux médailles d’or consécutives en 2013 et 2014. « Représenter le Canada au U18, c’était le sommet pour moi, nous a confié Miller lors d’une entrevue téléphonique après un entraînement récent. Plus tu vis d’expériences comme ça dans le hockey, plus ça te fait grandir. »

Fière de se qualifier elle-même de « nerd de hockey », Miller a bâti toute sa carrière autour de la quête d’expériences marquantes sur la glace.

Pour ses études universitaires, Miller a traversé tout le continent nord-américain pour fréquenter la St. Lawrence University, située dans le nord de l’État de New York. Elle y a trouvé un personnel d’entraîneur·euses qui encourageait les joueuses à mener une vie équilibrée, au-delà du hockey – ce pour quoi elle leur est encore très reconnaissante. « C’était exactement ce dont j’avais besoin », a-t-elle confié au balado Jocks in Jills.

À St. Lawrence, Miller s’est imposée comme l’une des attaquantes les plus cérébrales, dynamiques et influentes de la NCAA. Capitaine de l’équipe à sa dernière année, elle a terminé son parcours universitaire en ayant été nommée à deux reprises sur la deuxième équipe d’étoiles de l’ECAC, en plus de figurer au palmarès académique de la conférence.

X @Buccigross / Via X.com

Lorsque Miller a obtenu son diplôme en 2018, le paysage du hockey professionnel féminin était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. Mais il ne faisait aucun doute qu’elle comptait en faire sa carrière. Elle a donc suivi le hockey là où il pouvait la mener, d’abord en Chine. « Avant que cette Ligue voie le jour, ce n’était pas facile, a expliqué Miller. Jouer en Chine m’a permis d’être une athlète professionnelle et de prolonger ma carrière. Je n’avais pas besoin d’un deuxième emploi. On avait d’excellentes installations, de la glace quand on voulait, une équipe de soutien. J’en ai pleinement profité. »

Miller a joué en Chine pour les Shenzen KRS Vanke Rays, d’abord lorsqu’elles évoluaient dans la défunte Ligue canadienne de hockey féminin, puis lorsqu’elles sont devenues la première équipe non russe à adhérer à la Zhenskaya Hockey League (ZhHL). Elle était l’une des meilleures joueuses de son équipe et a laissé une empreinte durable au sein de la jeune communauté du hockey en Chine. Après avoir été relocalisée en Russie avec le reste de son équipe pendant une longue période en raison de la pandémie de COVID-19, Miller a fait surface à Stockholm, en Suède, où elle a passé le début de la saison 2021-2022 avec le Djurgårdens IF dans la SDHL.

Puis, son parcours a pris une autre tournure inattendue : la Chine lui a demandé de représenter son équipe nationale aux Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Beijing. Miller avait du mal à croire ce qu’elle entendait, mais a fini par accepter, au nom de l’expérience. Et bien sûr, fidèle à sa réputation de machine à marquer, Miller – avec le nom « Mi Le » inscrit sur son chandail – a inscrit le tout premier but de l’équipe hôte pendant les Jeux. Plus tard en 2022, elle a de nouveau représenté la Chine au Championnat du monde de division 1B, où elle a été nommée Meilleure attaquante du tournoi.

J’ai une vraie passion pour ce sport, je l’aime profondément.

Le lancement de la LPHF en 2023 a marqué le moment tant attendu par Miller – et par tant d’autres. Elle a été sélectionnée au 74e rang par Toronto lors du tout premier repêchage et s’est rapidement imposée. « Boucler la boucle comme ça, c’est vraiment spécial, » a confié Miller, ravie d’être de retour chez elle au Canada, mais aussi émerveillée par le niveau de jeu dans la Ligue. « C’est la meilleure ligue au monde, sans aucun doute. Il n’y a que six équipes, et chaque soir, c’est une bataille. Il n’y a aucun relâchement. En Europe, les meilleures équipes sont solides, mais l’écart avec les autres est énorme. Ici, chaque match est serré. L’intensité physique, la structure de jeu – c’est exactement ce qu’on a toujours voulu. »

Après avoir inscrit 14 points en 23 matchs avec Toronto lors de la première saison de la LPHF – une équipe qui a terminé en tête du classement mais qui a été éliminée dès la première ronde des séries par le Minnesota – Miller a presque doublé sa production cette saison. En 29 matchs, elle a récolté 10 mentions d’aide et marqué 14 buts, pour un total de 24 points, ce qui lui vaut une égalité au cinquième rang des meilleures pointeuses de la Ligue.

Elle a également été invitée à se joindre à Équipe Canada pour le Championnat mondial de hockey sur glace féminin de l’IIHF ce printemps, mais n’a finalement pas été autorisée à y participer en raison des règlements de l’IIHF. Ceux-ci stipulent qu’une joueuse changeant de nationalité sportive doit avoir évolué pendant deux saisons complètes dans un club du nouveau pays avant de devenir admissible. Or, la dernière saison de Miller avec un club chinois s’est terminée en mai 2023, soit tout juste en deçà de l’exigence des deux ans.

Avec les Jeux olympiques d’hiver de 2026 en ligne de mire, Miller espère avoir une nouvelle chance de représenter son pays natal. « En ce moment, j’essaie simplement de continuer à progresser, a-t-elle déclaré. On a des ressources incroyables ici à Toronto. Quoi qu’il arrive, arrivera. Évidemment, j’adorerais avoir cette occasion [de jouer pour le Canada aux Jeux]. J’irai au camp, je ferai tout ce qui est permis. Mais pour l’instant, ma priorité, ce sont les Sceptres. »

Elle est revenue plus en détail sur cette situation lors de son passage au balado Jocks in Jills, que vous pouvez écouter ici :

Quant aux Sceptres, elles se sont fait ravir la première place du classement par Montréal. Lorsque Montréal a choisi Ottawa comme adversaire en première ronde, Toronto s’est retrouvée avec une revanche contre les championnes en titre, le Frost du Minnesota.

« Je pense que chaque équipe est différente d’une année à l’autre, a déclaré Miller. Il y a de nouvelles joueuses, le repêchage… Je pense que le personnel d’entraînement et le groupe de leaders ici ont fait un excellent travail pour instaurer une culture et des standards, et on essaie de s’y tenir. Mais dans toute la Ligue, chaque équipe va continuer à progresser. »

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il faudrait pour que les Sceptres aillent jusqu’au bout, Miller a misé sur l’exécution et la conviction. « Je ne pense pas qu’il y ait une seule chose. Il faut bien gérer la rondelle, prendre la bonne décision au bon moment. Mais je crois que ça repose sur la confiance des joueuses dans le vestiaire. Quand on regarde comment cette organisation est bâtie, de haut en bas, on a toutes les pièces en place, et surtout, la conviction qu’on peut y arriver. »

Qu’il s’agisse de marquer aux Jeux olympiques, de s’imposer aux deux extrémités de la patinoire avec les Sceptres ou de guider les recrues dans le vestiaire, l’impact de Miller dépasse largement les feuilles de pointage. Elle a vécu toutes les facettes du hockey professionnel féminin – de ses débuts fragmentés à sa réalité actuelle, intense et à temps plein. Et maintenant que la Coupe Walter est à portée de main, dans une ligue de rêve enfin bien ancrée dans son pays natal, Hannah Miller est prête à écrire le prochain chapitre de son histoire.