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L’HISTOIRE DU HOCKEY FÉMININ À VANCOUVER EN FAIT UN ENDROIT PARFAIT POUR L’EXPANSION

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par Ben Osborne

Assister à la conférence de presse du 23 avril officialisant l’arrivée de l’équipe de la LPHF à Vancouver, c’était voir une ville résolument moderne et des partisan·es de hockey engagé·es accueillir une franchise révolutionnaire à bras ouverts. Ce qui rend Vancouver si unique comme marché, toutefois, c’est toute l’histoire du hockey féminin qui s’y trouve déjà.

L’histoire du hockey féminin à Vancouver est un récit d’esprit pionnier, de résilience et de communauté, qui s’étend du début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Le hockey féminin au Canada remonte aux années 1890, mais c’est dans les années 1920 que Vancouver s’est démarquée avec la création des Amazons de Vancouver. Comme l’explique le British Columbia Sports Hall of Fame, les Amazons, qui seraient probablement la première équipe féminine de toute discipline sportive dans la province à avoir voyagé et compétitionné à l’extérieur de la Colombie-Britannique, ont été fondées en 1918 par un groupe d’élèves de l’école secondaire King George, dans le quartier West End de Vancouver. Ces jeunes Amazons sont tombées amoureuses du hockey en patinant à la Denman Arena toute proche, les vendredis soirs , puis en assistant les fins de semaine aux matchs des Millionaires de Vancouver, menés par la vedette Cyclone Taylor. Il n’a pas fallu longtemps avant que les Amazons partagent la glace de la Denman Arena avec Cyclone et les Millionaires professionnels, acclamées par des foules de plusieurs milliers de spectateur·rices.

Instagram @bcsportshall / Via instagram.com

Tout sourire, Jayna Hefford, vice-présidente directrice des opérations hockey de la LPHF, avait fait ses devoirs : elle a mentionné l’histoire des Amazons lors de la conférence de presse de la semaine dernière. Elle a ajouté : « Heureusement, certaines choses ont changé depuis cette époque. Nos uniformes ne sont plus de longues jupes. Mais la passion et l’intensité sont toujours là. La LPHF établit une nouvelle norme pour le hockey féminin : le jeu n’a jamais été aussi rapide, physique et rempli de talent, et c’est exactement pour ça que les partisan·es de tous âges, de tous genres et de tous horizons sont si enthousiastes face à la LPHF. »

Le moment marquant des Amazons est survenu en 1921, lorsqu’elles ont pris le train en direction du Carnaval d’hiver de Banff pour disputer la Coupe Alpine, le trophée le plus prestigieux du hockey féminin dans l’Ouest canadien à l’époque. Les Amazons se sont rendues jusqu’en finale du tournoi, et leur capitaine, Phebe Senkler, y a été couronnée Reine du Carnaval. L’année suivante, elles sont retournées à Banff pour affronter les championnes en titre, les Regents de Calgary, en finale. Dans un match dramatique joué à l’extérieur, par des températures sous zéro, les Amazons sont revenues de l’arrière pour l’emporter 2-1 en prolongation. Cette victoire a fait d’elles la première équipe de la Colombie-Britannique à décrocher le championnat de hockey féminin de l’Ouest canadien, un titre que certains ont qualifié « d’équivalent féminin de la Coupe Stanley », comme l’a récemment rappelé le Vancouver Sun.

Le succès des Amazons a inspiré toute une génération de jeunes filles et a établi Vancouver comme un véritable cœur du hockey féminin. Malgré cette réussite précoce, le hockey féminin à Vancouver, comme ailleurs au Canada, a ensuite connu des moments difficiles. Dans les années 1930 et 1940, le hockey féminin organisé a décliné, notamment en raison des mentalités de l’époque et de l’impact de la Deuxième Guerre mondiale. Les occasions de jouer à un niveau élevé se sont raréfiées, et plusieurs équipes ont été dissoutes.

Le renouveau du hockey féminin à Vancouver a débuté dans les années 1970 et 1980, en parallèle avec un mouvement plus large en faveur de l’égalité des genres dans le sport. Des organisations communautaires et des ligues locales ont vu le jour, offrant aux filles et aux femmes de nouvelles occasions de jouer et de compétitionner. Fondée en 1972, la Vancouver Female Ice Hockey Association (VFIHA), aujourd’hui connue sous le nom de Vancouver Girls Hockey, a joué un rôle clé dans cette relance en mettant sur pied des équipes et des ligues pour des joueuses de tous âges.

Du côté amateur, le hockey féminin a aussi connu un formidable élan lorsque l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) est devenue un acteur clé du développement du sport. Aujourd’hui encore, l’UBC offre un programme dynamique qui lutte régulièrement pour le titre de U Sports et qui forme des joueuses évoluant dans différentes ligues professionnelles à travers le monde. La prochaine tentative de hockey professionnel féminin à Vancouver est survenue en 2000 avec la création des Griffins de Vancouver, une équipe professionnelle de la Ligue nationale de hockey féminin (NWHL). Les Griffins ont été la première équipe d’expansion de la NWHL établie à l’extérieur de l’Ontario et du Québec, un signe clair de l’influence grandissante de Vancouver dans le hockey féminin.

Les Griffins ont attiré des talents de premier plan, notamment les Olympiennes Nancy Drolet, Shelley Looney et la célèbre Cammi Granato, aujourd’hui intronisée au Temple de la renommée du hockey et directrice générale adjointe des Canucks de Vancouver dans la LNH. Les Griffins ont joué contre des équipes universitaires, des sélections provinciales et d’autres clubs de la NWHL, contribuant à accroître la visibilité du hockey féminin dans la ville pendant quelques saisons.

En 2010, Vancouver a accueilli les Jeux olympiques d’hiver, où l’équipe féminine canadienne a remporté la médaille d’or après une victoire palpitante de 2-0 contre les États-Unis, devant près de 17 000 spectateur·rices au Rogers Place, le lieu aujourd’hui renommé.

L’attaquante vedette des Sceptres de Toronto, Hannah Miller, originaire de Vancouver, fait partie des cinq joueuses actuelles de la LPHF qui viennent de cette ville. Elle était présente lors de cette finale historique pour la médaille d’or. « Oui, j’étais là en tant que partisane », a-t-elle raconté lors d’une interview téléphonique avant que l’annonce officielle de l’arrivée d’une équipe à Vancouver ne soit faite. « La ville était absolument électrisée par ces Jeux olympiques, et depuis, le hockey a vraiment pris de l’ampleur à Vancouver. Ce serait formidable que la Ligue s’y installe. »

L’enthousiasme général des Vancouverois·es pour le hockey féminin n’est pas survenu par hasard. Cette ferveur s’est manifestée dès La Grande Tournée, où le Rogers Arena a accueilli le deuxième match de cette tournée le 8 janvier devant une foule comble de 19 038 spectateur·rices, jusqu’à l’annonce historique de l’expansion.

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« Cette ville a toujours été un marché fantastique pour le hockey, mais son engagement envers le hockey féminin est véritablement exceptionnel, a déclaré Jeyna Hefford, qui a d’ailleurs joué lors des Jeux de 2010. Je n’oublierai jamais avoir arrêté sur la glace lors des Jeux olympiques de 2010, avec presque 17 000 personnes dans les gradins – un record à l’époque – et ce moment a vraiment contribué à poser les bases de là où nous en sommes aujourd’hui et de l’état du hockey féminin. Nous avons ressenti la même énergie cette année avec La Grande Tournée; des milliers de jeunes joueuses et joueurs, y compris les Angels de Vancouver, qui ont rempli cet aréna et créé cette ambiance positive et énergique qui est devenue la marque de la LPHF. »

Un autre énorme atout pour la nouvelle équipe de Vancouver est son enceinte, le vénérable Pacific Coliseum. Le Coliseum a été construit à la fin des années 1960 dans le cadre de la Pacific National Exhibition (PNE) et a été le domicile des Canucks de la LNH jusqu’en 1995. Connu des habitants sous le nom de « Rink on Renfrew », il a été le terrain de jeu de diverses autres équipes et ligues, dont les Giants de Vancouver de la WHL de 2001 à 2016.

Parmi les événements les plus marquants ayant eu lieu au Pacific Coliseum, on compte le quatrième match de la Série du siècle de 1972, les matchs à domicile des Canucks lors des Coupes Stanley de 1982 et 1994, le Championnat mondial junior de hockey de l’IIHF en 2006, la Coupe Memorial de 2007, ainsi que le patinage artistique et la course de patinage de vitesse sur courte piste lors des Jeux olympiques d’hiver de 2010.

Instagram @oldcanadaseries / Via instagram.com

La vice-présidente directrice des opérations commerciales de la LPHF, Amy Scheer, est également enthousiaste, car c’est la première fois que la LPHF sera locataire principale dans un bâtiment. « Être le locataire principal, c’est érnome, a déclaré Scheer lors de la conférence de presse. Nous sommes tellement reconnaissant·es envers [le PNE] de nous avoir permis d’entrer dans ce bâtiment et de discuter de nos besoins, ainsi que de leur volonté de nous aider à y répondre et d’apporter un environnement professionnel ici pour nos joueuses. »

Scheer a approfondi ce sujet lors d’une récente apparition sur le balado Jocks in Jills.

Certain·es des dignitaires qui ont contribué à la réalisation de ce projet du côté de Vancouver ont également exprimé leur enthousiasme lors de la conférence de presse. Le maire adjoint, Mike Klassen, a déclaré : « Je ne pourrais pas être plus heureux que le nouveau site hôte de la LPHF à Vancouver soit le Coliseum. Pour tant de Vancouverois·es et de Colombien·nes-Britanniques, le Coliseum est l’endroit où certains de nos plus grands souvenirs de hockey ont été créés. Avoir un nouveau locataire principal dans ce lieu emblématique est vraiment spécial et marque un nouveau chapitre pour le bâtiment. »

Ce premier match au Coliseum va avoir la même énergie que celle de La Grande Tournée, mais ce ne sera pas pour un seul match, ce sera pour toute une saison. 
Shellie Frost, présidente et directrice générale du PNE

À long terme, le hockey féminin à Vancouver a évolué, passant de quelques jeunes femmes déterminées patinant à Denman Arena à une communauté florissante, profondément ancrée et pleine de promesses pour l’avenir. Les équipes et les joueuses de la ville ont surmonté des obstacles, brisé des barrières et inspiré de nombreuses autres à chausser leurs patins. À mesure que le sport continue de se développer, ce nouveau marché de la LPHF s’inscrit dans l’histoire déjà solide du hockey féminin et ne fera que croître.

Comme l’a si bien résumé Jayna Hefford : « Nous sommes tellement emballé·es que cette ville puisse vivre la parité et la compétitivité que notre Ligue offre à chaque match… Nous espérons aussi que les jeunes joueuses et joueurs de hockey de la Colombie-Britannique découvriront leur équipe locale, que ce soit par le biais de camps, d’ateliers ou d’événements communautaires. Il s’agit de bien plus que de simplement mettre une équipe sur la glace; il s’agit de créer des liens significatifs avec les gens qui inspireront la prochaine génération. »