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De vedette à Colgate à espoir de premier plan au repêchage, la gardienne Hannah Murphy est prête pour la prochaine étape

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par Ben Osborne

Originaire de Kingston, en Ontario, Hannah Murphy devrait être l’une des deux premières gardiennes sélectionnées lors du Repêchage de la LPHF la semaine prochaine. Pourquoi? Il suffit de demander à quiconque a côtoyé le programme de hockey féminin de Colgate au cours des quatre dernières années.

Murphy vient tout juste d’obtenir son diplôme de cette institution réputée du nord de l’État de New York, où elle a connu une brillante carrière universitaire. Elle quitte Colgate en tant que meneuse de l’histoire du programme pour les jeux blancs (18) et présente une fiche de 73-16-1 en 90 matchs, avec un pourcentage d’arrêts de ,937 et une moyenne de buts alloués de 1,59.

Nous l’avons récemment jointe par téléphone, installée chez ses parents quelques semaines après la fin de ses études. « Je suis en mode entraînement, dit-elle. Mon plan, c’est de rester ici la majeure partie de l’été. »

Même si elle est un peu triste de tourner la page sur son passage à l’université, « Colgate, c’était génial. Une école parfaite dans une petite ville », dit-elle. Murphy est très enthousiaste pour l’avenir, en commençant par le repêchage.

« Il y a deux choses qui m’emballent le plus. La première, c’est enfin de savoir où je vais me retrouver à l’automne. C’est super excitant de jouer dans les rangs professionnels, mais je ne sais pas encore dans quelle ville je vais aller. Alors d’avoir cette réponse, ce sera un soulagement. Et la deuxième, c’est simplement d’avoir la chance de jouer au hockey professionnel féminin. Ce n’était même pas un objectif pour moi il y a quelques années. Mon rêve, c’était de jouer en D1 et de faire partie de l’équipe nationale, ce que j’ai pu goûter un peu grâce au programme de développement. Et je veux continuer dans cette direction, bien sûr. Mais maintenant, on a cette étape intermédiaire, une ligue professionnelle viable qui semble là pour de bon. C’est bien plus motivant. »

Le parcours de Murphy pour devenir l’une des meilleures gardiennes de ce repêchage a commencé tôt, et avec beaucoup d’enthousiasme. « J’ai été gardienne presque dès le départ. Je regardais déjà ce poste avec intérêt sur une de mes premières équipes, et quand notre gardienne s’est blessée ou a été malade, je me suis portée volontaire… et je n’ai jamais enlevé les jambières depuis. »

Elle avait aussi un excellent modèle en sa grande sœur, elle aussi gardienne. Ce qui a débuté comme une simple étincelle d’intérêt et un élan inspiré au sein de sa famille s’est mué en une trajectoire académique qu’elle décrit comme révolutionnaire et foudroyante. « Un de mes plus beaux souvenirs, ce sont les finales de l’ECAC à ma première année. J’étais encore recrue, et j’ai joué un match super important, qu’on a gagné, et j’ai pu célébrer avec mes coéquipières. C’était le premier de trois titres consécutifs pour moi. Et comme l’équipe avait aussi gagné l’année précédente, ça faisait quatre de suite. C’est vraiment là que mon parcours a commencé. Je ne savais pas combien de matchs je jouerais cette saison-là, mais la gardienne partante, Kayle Osborne, s’est blessée, et j’ai eu ma chance. »

Osborne évolue aujourd’hui avec les Sirens de New York, où elle a retrouvé son ancien entraîneur-chef de Colgate, Greg Fargo. Murphy garde de bons liens avec les deux; elle et Osborne entraînent ensemble dans un camp de gardiennes cet été. « J’ai eu la chance de jouer avec des coéquipières extraordinaires, dit Murphy. À ma troisième année, on a vu plusieurs joueuses super talentueuses terminer leurs études avec succès, et aujourd’hui, elles sont partout dans la Ligue. Leur expérience m’a vraiment donné confiance, surtout en voyant à quel point elles s’en sortent bien maintenant comme pros. »

Même entourée de talents de haut niveau, Murphy s’est taillé un rôle bien à elle, devenant une meneuse vocale. Sa nomination comme capitaine en dernière année montre toute l’importance qu’elle avait pour le programme. « Après cette troisième saison, notre équipe était composée en grande partie de joueuses plus jeunes et moins expérimentées. Mon rôle s’est élargi : je n’étais plus seulement là pour arrêter des rondelles, mais pour être une leader qui amène du calme dans notre groupe, explique-t-elle. J’avais été témoin de beaucoup de succès, et je pense que mes coéquipières respectaient ça. Les entraîneur·euses m’ont fait confiance pour garder le filet et tirer le meilleur de chaque occasion. »

X @ColgateWIH / Via x.com

Stefan Decosse, qui a remplacé Fargo comme entraîneur-chef à Colgate avant la saison 2024-2025 après presque dix ans comme adjoint, abonde dans le même sens : « Hannah est une joueuse sur qui l’on peut compter chaque jour : constante dans son approche, infatigable dans son travail et toujours capable d’élever son jeu quand ça compte. Mais ce qui la rend vraiment spéciale, c’est son leadership. Elle est accueillante, posée et inclusive, et elle crée un environnement où chaque joueuse se sent vue, valorisée et soutenue. Elle laisse une marque indélébile à Colgate, et son leadership, sur et hors glace, inspirera les prochaines générations de Raiders pendant longtemps. »

En plus de ses qualités intangibles, Murphy se distingue par son jeu technique très abouti. Elle est particulièrement fière de sa capacité à manier la rondelle. « Mes entraîneur·euses m’ont toujours encouragée à développer cette facette, et j’y travaille fort. C’est un aspect de mon jeu que je veux vraiment intégrer au niveau professionnel. »

Elle sait toutefois que la transition vers le hockey professionnel ne se fera pas sans ajustements. « On m’a parlé de la vitesse et du côté physique de la Ligue. Je vais devoir m’y adapter, dit-elle. J’ai remarqué que beaucoup de buts sont marqués avec des écrans et de la circulation devant le filet. Il va falloir que je me batte pour voir la rondelle et que je me donne à fond pour chaque arrêt. »

Même si elle est prête pour ce nouveau chapitre, Murphy reste prudente face à l’aspect commercial du hockey professionnel. Contrairement à la majorité des joueuses admissibles au repêchage cette année, elle n’a pas encore d’agent : sa mère, avocate, s’occupe de ses affaires contractuelles pour l’instant. « Je pense qu’un jour, je vais signer avec un·e agent. Mais comme ma mère est avocate, elle peut s’occuper du contrat pour le moment, donc je ne suis pas pressée. Je vais probablement en engager un·e éventuellement, surtout pour m’aider avec les commandites. J’en ai discuté avec plusieurs filles avec qui j’ai joué, et il semble que pour des choses comme un ensemble d’équipement supplémentaire, les agents peuvent vraiment aider. »

Comme il se doit, Murphy passera la journée du repêchage en famille. Kingston n’est pas bien loin d’Ottawa, où aura lieu l’événement, et en plus, son père a de la famille là-bas. Et après? Murphy est prête pour ce que la suite lui réserve.