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L’ascension improbable de la recrue Mannon McMahon à Ottawa

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par Ben Osborne

Il n’y avait en réalité qu’une seule raison pour laquelle Mannon McMahon s’est rendue au repêchage 2024 de la LPHF : c’était tout près de chez elle, en quelque sorte. « Je ne suis allée au repêchage que parce que c’était à 20 minutes de chez moi », a expliqué McMahon lors d’un récent entretien téléphonique, précisant qu’elle n’était même pas certaine d’être sélectionnée. « En étant sur place, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai été repêchée beaucoup plus tôt que je ne l’aurais cru. »

Dans un repêchage de sept rondes au cours duquel 42 joueuses ont été sélectionnées, McMahon a été choisie par la formation d’Ottawa avec le deuxième choix de la cinquième ronde (26e au total). Aussi exaltant qu’a été ce moment, ce n’était que le début du travail pour elle. « Être repêchée, c’était un rêve devenu réalité », a déclaré l’ancienne de l’Université du Minnesota à Duluth.

Instagram @mannonmcmahon / Via instagram.com

« Même si j’avais été repêchée, c’était encore essentiellement un camp d’essai. Il n’y avait que deux contrats à décrocher pendant le camp, et j’en ai obtenu un. Je me souviens que tout l’été, en préparation, avait été assez intense. Je faisais tout pour me tailler une place. Rester concentrée, dans le moment présent. Le camp d’entraînement a été difficile et très exigeant. Il fallait gagner chaque répétition, chaque bataille. Ça a été quelques semaines éprouvantes, mentalement et émotionnellement, parce que je le voulais tellement. Et physiquement aussi, puisque je joue avec les meilleures joueuses au monde. »

Aujourd’hui, moins d’un an plus tard, McMahon est devenue l’une des joueuses les plus fiables et positives de la Charge, elle qui a disputé les 30 matchs de la saison après n’en avoir raté aucun en 5 saisons à l’Université du Minnesota à Duluth, où elle a établi un record du programme avec 173 matchs consécutifs joués.

« On me pose souvent des questions sur mon endurance, a raconté l’attaquante de 23 ans en riant. Je ne sais pas… peut-être de bons gènes? Mes parents sont d’anciens athlètes, mais il n’y a aucune histoire de hockey dans ma famille. Et j’ai eu d’excellents entraîneur·euses. Je fais vraiment attention à ce que je mange, à ce que je bois, et à mon sommeil. »

Même si ses parents viennent de l’Iowa, où ils étaient plus intéressé·es par le baseball et le basketball, ils ont déménagé au Minnesota, ce qui a permis à Mannon de grandir dans un véritable pays du hockey. « Tout le monde y joue au hockey et c’est ce dont tout le monde parlait à l’école, alors j’ai décidé de m’y mettre aussi », se souvient-elle.

Elle est allée à Maple Grove High School, où elle jouait au soccer en plus du hockey, avant de s’installer à Duluth, à environ 2 heures et 15 minutes en voiture. McMahon y a joué pendant cinq saisons, atteignant quatre fois la finale de la Frozen Four, portant le « C » de capitaine et étant honorée comme l’athlète féminine senior la plus exceptionnelle de l’UM-D en 2023-2024.

Cependant, malgré tout ce qu’elle avait accompli en tant qu’amatrice, le passage à la LPHF n’était pas une mince affaire.

« La vitesse du jeu est tellement plus rapide, a-t-elle déclaré. Quand on entend ces mots en tant que recrue, on se dit : Oui, d’accord, mais lors de ma première séance d’entraînement, j’ai été époustouflée par la vitesse. Il faut suivre le rythme pour même jouer de façon physique. Il faut faire des jeux beaucoup plus rapidement. »

Bien qu’elle ait effectivement passé presque toute sa vie au Minnesota avant cette saison, McMahon a adopté Ottawa avec enthousiasme.

Je n’étais allée au Canada qu’une seule fois auparavant, a-t-elle avoué. Mais ça me rappelle vraiment beaucoup le Minnesota. J’adore ça ici.

McMahon faisait référence à la ville d’Ottawa elle-même; mais elle aime tout autant, voire plus, sa nouvelle équipe. « Dès mon arrivée, malgré les nerfs, les joueuses vétéranes m’ont vraiment prise sous leur aile, a déclaré McMahon, qui a terminé la saison régulière avec 4 buts et 4 passes. Dans le milieu professionnel, cela peut se passer différemment, mais ici à Ottawa, elles m’ont mise à l’aise et tout a été facile. Je suis vraiment reconnaissante de faire partie de cette équipe parce qu’elles m’ont tellement aidée. »

McMahon a cité l’attaquante vétérane Emily Clarke comme étant particulièrement influente. « Clarkie est ma coéquipière d’attaque. J’admire son calme, a expliqué McMahon. Elle est la même Emily, chaque jour. J’essaie d’être la même Mannon, chaque jour. Je veux être la même lumière positive dans le vestiaire chaque jour. Certains jours, il faut faire semblant jusqu’à ce que ça marche. Mais cette présence a déteint sur moi. Être la même personne, constante, sur et en dehors de la glace, ça porte ses fruits. »

L’effort que McMahon met en tant que coéquipière n’est pas passé inaperçu. Les coéquipières et le personnel décrivent McMahon comme un aimant, quelqu’un dont l’énergie et l’attitude élèvent l’ambiance dans la pièce.

Maintenant, Ottawa se prépare à affronter la première tête de série, la Victoire de Montréal, en demi-finale des séries éliminatoires de la LPHF. La Charge a trébuché à la ligne d’arrivée l’an dernier, manquant la saison après une défaite cruciale contre Toronto. McMahon pense que le groupe de cette année peut aller loin.

« Il y a tellement de talent dans ce vestiaire, a déclaré McMahon. Si chacune de nous joue à son plein potentiel, tout ira bien. Et je pense que c’est ce qui va se passer. »

« On avait trouvé un bon rythme avant la pause [du Championnat du monde], a ajouté McMahon. Sept jours de congé, c’était agréable : repos à Ottawa, pas de voyagement. Mais maintenant, il est temps de se concentrer. »

Bien qu’elle soit désormais fermement installée dans la LPHF, McMahon pense aussi au jeu international.

« Jouer au Championnat du monde, c’est un rêve pour moi, a-t-elle affirmé. J’ai eu un avant-goût avec la Série de la rivalité, et ça m’a laissée sur ma faim. C’était spécial d’être entourée de ce groupe. Je veux absolument continuer à avoir ces occasions. »

Lors de notre conversation, sa mère s’apprêtait à arriver en ville pour voir la Charge jouer et y rester une semaine. « Je suis super excitée qu’elle vienne. Elle n’a pas encore vu Ottawa, alors je veux lui faire découvrir la ville. »

L’enthousiasme pour la visite de sa mère rappelle que Mannon McMahon n’est encore qu’une jeune de 23 ans qui apprend en chemin. « Je ne tiens aucun jour pour acquis. Je suis comme une enfant qui est contente d’avoir réussi à y arriver », a-t-elle dit.

Et la Charge d’Ottawa est heureuse de l’avoir parmi elle.